Jean-Yves Crochet a débuté sa carrière de paléontologue au Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris. Puis, à la fin des années soixante, Louis Thaler l’invite à l’Université de Montpellier en tant que maitre de conférences pour rejoindre l’équipe de paléontologues de son laboratoire qui s’associera à l’Institut des Sciences de l’Evolution créé quelques années plus tard. Il y fera carrière sa vie durant en tant qu’enseignant chercheur. Très aimé de ses étudiants, toujours disponible et joyeux de leur transmettre ses connaissances de géologue de terrain, il ne ménagera jamais sa peine pour les instruire et leur commenter les paysages géologiques de la région.

Pour autant il ne néglige pas la recherche, loin de là : il est l’auteur de 119 publications scientifiques dans des revues françaises et internationales.

Alors qu’il est enseignant, il effectue une thèse de doctorat d’état qu’il soutient en 1978 sur « Les Didelphidae  (Marsupicarnivora, Marsupialia) holarctiques tertiaires » publiée en 1980 aux Editions  de la Fondation Singer-Polignac.

Cinq visages parmi d’ autres de la vie de Jean-Yves surpris par ses amis

Toute sa vie il poursuivra ses recherches sur les Marsupiaux et ce sur tous les continents. C’est ainsi qu’il signalera les plus anciens marsupiaux d’Afrique dans l’Eocène inférieur de Chambi, Tunisie ; la présence de marsupiaux dans les dépôts de la limite Crétacé-Tertiaire qu’il a découverts au Pérou ; la présence des mêmes dans l’Oligocène des Bugti au Pakistan où là aussi il a participé à une mission de recherche paléontologique dans de difficiles conditions..

Peu à peu il acquiert une notoriété internationale dans le domaine des Marsupiaux et participe à de nombreux congrès et expéditions internationales sur le terrain.

Lors d’une mission en Algérie il participe à la découverte d’un Proboscidien dans l’Eocène continental d’ El Kohol qui sera longtemps considéré comme le plus ancien du continent.

Son éclectisme et sa curiosité l’ont entrainé à étudier les plus anciens mammifères d’Europe découverts dans le Montien de Belgique. Pour autant, il n’a jamais négligé son ancrage local et entre autres a participé à la résurrection du Lophiodon des Matelles, perdu de vue depuis 150 ans et héros involontaire d’une saga géologique qui a vu l’érection du Pic-Saint-Loup si cher à Jean-Yves. 

L’un de ses terrains de chasse favori fut aussi sa vie durant les Phosphorites du Quercy qu’il a explorées pendant des années en compagnie de ses collègues de l’Université de Montpellier. Chaque hiver, pendant plusieurs semaines, ils séjournaient près de Caylux et ils ont extrait de ces cavités des quantités considérables de restes fossiles des dépôts karstiques qui s’étagent de l’Eocène moyen à l’Oligocène, et pour certains quasi contemporains des premiers hominidés d’Europe. Les Mammifères constituent la majeure partie des découvertes, mais Oiseaux, Batraciens et Reptiles y ont aussi leur part.

Dans le cadre de ces recherches il a eu l’occasion d’étudier les Insectivores du Paléogène que l’on y rencontre et par exemple eut l’opportunité de signaler les plus vieilles taupes dans un des nombreux gisements du Quercy. Il a aussi publié sur les Créodontes, carnivores primitifs des mêmes sites et réétudié l’unique pangolin découvert dans le Quercy.

Mais sa curiosité s’est aussi portée sur les gisements quaternaires par l’entremise des dépôts karstiques qu’on y trouve. Spéléologue émérite, il a effectué de nombreuses explorations dans le monde souterrain, faisant outre des relevés précis de ces galeries des découvertes de nombreux fossiles du Quaternaire.

C’est cette même curiosité insatiable qui l’a poussée à participer aux fouilles de Bois-Riquet près de Lézignan-la -Cébe dans un site Acheuléen qui a révélé outre des restes fossiles animaux, des outils préhistoriques de cet âge clé dans l’histoire des premiers hommes dans nos régions.

Jean-Yves était infatigable et lorsqu’il n’était pas dans des pays exotiques à la recherche de fossiles, à longueur d’année il courait la garrigue, explorait des grottes, participait en les commentant à des excursions géologiques, archéologiques et paléontologiques, le tout avec une bonne humeur et joie de vivre très communicatives.

Avec lui s’éteint le seul paléontologue anarcho-rabelaisien de ces 50 dernières années !

Pour visiter l’Hérault  en sa compagnie, une lecture recommandée : 

Jean-Yves Crochet, 2020. Géo tourisme de l’Hérault.. Editions Biotope, Mèze , https://www.biotope.fr