Les millions de chats que nous accueillons et nourrissons dans nos foyers n’en perdent pas pour autant leur instinct de chasseur. Au point que cette surpopulation de carnivores très protégés met en péril la biodiversité de son entourage. Pour réduire leurs méfaits, une étude propose que les maitres et maitresses de tous ces chats leur fournissent en premier lieu une nourriture carnée abondante et de chaque instant, et aussi les fassent jouer. Si de plus leurs matous sont équipés d’une collerette sonore ou bariolée, leur capacité de nuisance se verra divisée par deux lorsqu’ils partent en chasse (1).
« De la viande et des jeux » devrait devenir la devise de tout propriétaire de chat, qu’il entende ou non la langue de Juvenal (45?-127?). Ce poète philosophe dans ses Satyres résumait en ces termes à deux lettres près la recette politique et le mode de gouvernance des empereurs de Rome : « panem et circenses ». Pour émousser durablement les ardeurs contestataires de leurs administrés et entretenir la paix civile, le plus sûr remède était d’accorder au peuple en suffisance du pain et des jeux du cirque.
A peine modifiée, la viande remplace le pain, la recette vaut si on l’applique aux petits félins de nos appartements, maisons, villas, HLM et autres : il faut absolument réduire, si ce n’est leurs effectifs, au moins atténuer leurs sauvages appétits qui les fait, bien que le ventre plein, poursuivre à la moindre occasion la faune sauvage de leur vindicte, et assassiner oiseaux, petits mammifères, lézards et jusqu’aux insectes de leur entourage, qu’ils soient chats des villes ou des champs. Ce n’est pas pour assouvir une fringale passagère, loin de là, et il n’est pas rare qu’en guise de cadeau et d’hommage, ils déposent leurs dépouilles aux pieds de leurs bienfaiteurs !
Dans une précédente chronique, je signalais que leurs victimes par année se comptent par MILLARDS ! https://scilogs.fr/histoires-de-mammiferes/chats-vous-interessent/
Jusqu’à mettre en danger la biodiversité de toutes les régions où Felis catus domesticus est accueilli avec un excès de privilèges, c’est-à-dire la plupart des pays qui siègent à l’ONU, organisme en charge de canaliser la paix civile ! (2).
Au fait combien de chats en Europe ? Je renvoie à cette statistique https://fr.statista.com/statistiques/531296/nombre-chats-par-pays-europe/
qui pour notre hexagone comptabilise plus de 14 millions de matous. Et leur courbe démographique a pris depuis plusieurs années une pente ascendante, bien qu’une politique de stérilisation massive ait été adoptée depuis plusieurs années pour limiter leur prolifération.
https://scilogs.fr/histoires-de-mammiferes/trop-de-chats-en-suisse/
Les propriétaires de chats sont tout à fait conscients des dégâts causés par leurs protégés : leurs paillassons sont les témoins de leurs exactions. Aussi il a été facile pour l’équipe de chercheurs citée d’obtenir leur collaboration dans le cadre d’une étude qui visait à comprendre et si possible réduire sans usage de moyens coercitifs la prédation de leurs chats.
C’est dans le sud-ouest de l’Angleterre que ces observations ont eu lieu qui ont concerné 219 foyers accueillant 355 chattes et chats et ce sur une durée de 12 semaines.
Après une période consacrée à évaluer la nuisance au quotidien de ces petits félins, les commanditaires de l’étude ont recommandé à leurs correspondants d’adopter deux mesures :
- fournir en abondance une alimentation carnée sous forme de produits industriels très bien dosés en protéines animales sous forme de pâtée ou de granules
- s’investir pour consacrer chaque jour plusieurs minutes et jouer avec leurs chats à l’aide de pelotes, balles, souris factices mécaniques et autres plumeaux imitant des oiseaux agités sous leurs babines pour les amuser.
Durant la période d’expérimentation, après avoir suivi les conseils de leur mentors, les propriétaires ont constaté une baisse notable d’activité « hors les murs du foyer » de leurs chats
Cela s’exprime en chiffres : bien nourris en protéines carnés, la prédation des chats est diminuée de 36%, et si on les fait jouer de 25%.
Il a été aussi suggéré de faire porter à leurs protégés des colliers sonores ou bariolés qui préviennent les proies de la menace dont ils sont l’objet.
La figure suivante illustre les différentes pratiques et conseils que l’on peut délivrer à tout propriétaire de chat susceptibles de réduire la prédation d’un chat domestique :
A – lui faire porter un collier alarme-grelot
B – le nourrir de pâtée à base de viande hachée
C – fournir à volonté (la sienne !) l’accès à des granules à base de protéines animales
D – lui faire porter un collier spécial protection oiseaux
E – jouer avec lui régulièrement 5 à 10 minutes par jour.
F – offrir un gîte intérieur approprié dont il est l’exclusif utilisateur
Pour les colliers « protection oiseaux », une société américaine , Birdsbesafe, a étudié de près la question et depuis 2008 propose un catalogue de ses produits dont voici un échantillon
Cependant, mon expérience de la gent féline me porte à douter de l’efficacité à long terme de cette proposition. J’ai côtoyé, et ce avec beaucoup de bonheur et aussi de grands chagrins, des pensionnaires félins à temps plein de tout type. Des permanents dûment accrédités, des migrants, des fugitifs, des invités qui ne l’étaient que par certains, de toute race, livrée, taille et humeur. Et il me semble que si l’efficacité théorique du produit ne peut pas être contestée, dans la pratique sa capacité de résistance aux griffes du porteur, voire aux crocs d’un ou d’une de ses ami.es pourrait laisser à désirer.
Quant aux chats d’intérieur qui ont une vie plus mondaine que rurale, leurs maitresses et maitres trouveront chez un créateur de renom des collections de vêtements adaptés aux saisons et humeurs de leurs protégés. La démarche féline de son mannequin vedette qui présente ses créations l’érige en performance.
https://www.youtube.com/channel/UCEYjMNEU0K5pZlWHZ0-i5-g
(1) Cecchetti et al., 2021,Provision of High Meat Content Food and Object Play Reduce Predation of Wild Animals by Domestic Cats Felis catus . Current Biology 31, 1–5
March 8, 2021 a 2021 The Authors. Published by Elsevier Inc.
https://doi.org/10.1016/j.cub.2020.12.044
(2) T. Doherty et al. 2014. A critical review of habitat use by feral cats and key directions for future research and management Wildlife Research, 2014, 41, 435–446 http://dx.doi.org/10.1071/WR14159
J’aimerais bien savoir de combien de milliards de victimes on parle ? Parce que si on divise par 14 millions de chants, 1 milliard de victimes ça fait 70 par chat, soit plus d’une semaine.
Personnellement mes deux chats font au maximum 2 victimes par an chez les oiseaux, et peut-être une dizaine chez les insectes et araignées, surtout pendant les mois d’été.
Si on va par là, combien de victimes font les 2 millions de chasseurs dont s’enorgueillit notre pays ?
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Corrections
… 14 millions de chats (et pas de chants) …
… plus d’une PAR semaine …
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Vos chats ne sont pas représentatifs de leur espèce.
Mes deux chats, étaient habitués à ramener au logis, au moins une proie chacun chaque nuit, mulots, musaraignes, rats, chauve souris, oiseaux, souris et rongeurs divers. A en juger par les restes qu’il fallait nettoyer chaque jour, ils chassaient aussi en journée. Il n’y avait plus de lézards sur les murs de la maison. Le voisin, agriculteur, nous vantait l’efficacité de nos félins pour le débarrasser des rats.
L’un des deux est mort, l’autre a vieilli, les lézards ont réapparus, les merles sautillent à nouveau dans le terrain et le voisin achète à nouveau des boulettes toxiques pour tuer les rats.
Les chats sont des exterminateurs incroyablement efficace, capables d’attraper une chauve souris au vol, de dépeupler une garenne en vous ramenant un lapereau chaque nuit, de vous débarrasser des taupes, l’un des rares animaux que je ne les ait jamais vu consommer.
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