La découverte de squelettes d’Homo nadeli disposés en position foetale au fond de la grotte Rising Star près de Johannesburg, Afrique du Sud, suggère que des rites funéraires étaient en usage voici plus de  240 000 ans. Ces pratiques précédent  de plus de 100 000 ans celles de nature comparable observées chez  notre ancêtre  Homo sapiens fossilis  (1, 2, 3, 4). 

Depuis 1999, à environ 50 km au sud de Johannesburg, tout un territoire est classé et préservé sous l’autorité de l’UNESCO et considéré « berceau de l’Humanité » tant sont nombreuses et riches d’enseignement les découvertes d’hommes préhistoriques et des témoignages de leurs activités. Les sites des grottes de Rising Star où on été découverts en 2015 les premiers restes de Homo nadeli font partie de cet ensemble. 

Reconstitution d’homo nadeli par John Gurche et ses restes. National Geographic 2015

Dans un premier temps les découvreurs ont suggéré que ces restes humains avaient été délibérément déposés au fond de ces grottes devenues leur tombeau pour les protéger de la voracité des carnivores nécrophages. Aujourd’hui, suite à de nouvelles excavations, et découvertes,  les mêmes constatent que les corps sont disposés en position foetale, et ils concluent que ces individus ont fait l’objet de rituels funéraires (1). Les datations dont on dispose pour ces restes fossiles oscillent entre 240 000 et 335 000 ans, et sont donc largement antérieures aux sépultures d’Homo sapiens fossilis de même nature que l’on a  signalées en d’autres lieux (4).

Restes d’Homo nadeli découverts au fin fond de la grotte de Rising Star en Afrique du Sud Cliché Berger et al (Réf. 1)

Les cavités creusées dans un calcaire dolomitique daté du Précambrien et dénommées « grottes de Rising Star » constituent un système de galeries sur plusieurs niveaux dont à ce jour seulement trois kilomètres ont été explorés et cartographiés avec précision. Les restes fossiles de Homo nadeli, sépultures ou ossements isolés, se trouvent  dans la zone dénommée « Dinaledi Chamber », « Hill Antechamber » et d’autres sites proches. L’accès à ces lieux n’est pas aisé et nécessite des capacités d’exploration dans  une obscurité totale comme l’illustre la video proposée en conclusion de cette recension.  

Outre les restes fossiles, les parois de ces grottes ont révélé en 2022 des gravures de différents types (2). La plupart de ces dessins sont des lignes droites de 5 à 15 cm de long et forment des ensembles géométriques quadrangulaires ou triangulaires que des éclairages en lumière polarisée éclairent au mieux. Sur le plan ci-dessous leurs positions sont signalées par les lettres A, B et C.  Ces signes ont été apposés sur les paroies de telle sorte qu’ils soient visibles lorsque l’on passe de la Dinadeli Chamber pour accéder à la Hill Antechamber.  

Une gravure et carte du sous-système de Dinaledi de la Grotte Rising Star. Les barres orange situent la position des gravures murales Les carrés rouges situent les lieux de fouilles. D’après Réf. 2 

L’ensemble de ces découvertes suggère que l’on est en présence d’un degré élevé dans l’histoire de l’évolution de l’ Humanité. Les auteurs dans leur présentation au public de leurs découvertes ont insisté sur un point :  Homo nadeli était un tiers plus petit que nous et un peu plus grand que les chimpanzés ; il enterrait ses morts et décorait les murs de leurs sépultures de graffitis.  A ce jour ce type de culte des morts n’avait été rencontré que chez des humains au cerveau plus développé. Cela signifie que les Homo sapiens ne sont pas les seuls à pratiquer des rites symboliques, et qu’ils ne les ont peut-être pas inventés mais copiés.

Comme on pouvait s’y attendre, ces conclusions ne font pas l’unanimité, et certains disent qu’elles sont très prématurées. Cependant, déjà l’évidence que les tombes soient dissimulées dès cette époque est en soi une découverte importante. 

Une video 3D permet de suivre l’exploration depuis la Hill Antechamber au travers d’ un passage d’accès à la Danaledi Chamber où gisent deux tombes. Credit: Corey Jaskolski/National Geographic.

https://vimeo.com833294843

  1. L.R. Berger et al . 2023. Evidence for deliberate burial of the dead by Homo nadeli. Preprint : https:// 10.1101/2023.06.01543127/
  1. L.R Berger et al. 2023. 241 000 tà 335 000 years old rock engravings made by Homo nadeli in the Rising Star cave system, South Africa. https://www.biorxiv.org/content/10.1101/2023.06.01.543133v1
  1. A. Fuentes et al. 2023. Burials and engravings in small-brained hominin; Homo nadeli from the Late Pleistocene : contexts and evolutionary implications. 10.1011/2023.06.01543135
  2. Martinón-Torres, M., d’Errico, F., Santos, E. et al. Earliest known human burial in Africa. Nature 593, 95–100 (2021). https://doi.org/10.1038/s41586-021-03457-8