Le nombre toujours croissant d’humains sur Terre et leurs modes de vie rendent inévitable la propagation de nouvelles maladies. Les plus difficiles à combattre sont celles d’origine virale. On soupçonne que dans bien des cas les réservoirs des virus qui provoquent de sévères pathologies chez les humains sont des mammifères sauvages ou domestiques porteurs sains de ces redoutables agents pathogènes. L’exemple des plus récentes épidémies voire pandémies qui ont décimé les populations humaines ces dernières années en est la preuve. Année après année ces virus ont pu être identifiés, les pathologies qu’ils provoquent analysées et les réservoirs probables des virus localisés. En voici un bref résumé :
– 2003 SRAS-Cov Infection respiratoire, Chauves-souris
– 2009 N1N1, Grippe, Cochon
– 2012 MERS-CoV, Infection respiratoire, Dromadaire
– 2014 Filovirus Ebola, Fièvre hémorragique, Chauve-souris
– 2020 SARS-CoV-2, Codiv-19, Infection respiratoire Chauve-souris
Il est certain que dans l’avenir nous subirons de nouvelles attaques virales souligne un groupe de chercheurs. Pour nous en préserver, ils préconisent en premier lieu d’identifier quels animaux sont les plus susceptibles de nous infecter (1), et surtout invitent TOUS les organismes de santé à travailler en synergie, aussi bien ceux qui observent les populations animales que ceux dont la tâche est de prévenir les épidémies chez les humaines.
Ces chercheurs constatent d’abord que le nombre de virus pathogènes d’origine animale est proportionnel au nombre d’espèces les plus fréquentes et au nombre d’individus de chacune d’entre elles, en particulier celles qui se sont le mieux adaptées aux paysages urbains, agricoles et industriels façonnés par l’homme. Pour eux, tous les animaux domestiques, et aussi les Primates, les Chauves-souris et les Rongeurs sont les plus susceptibles de nous transmettre des virus pathogènes Par ailleurs, l’exploitation de la faune sauvage, sa chasse et son commerce, ainsi que la réduction des espaces de vie des animaux sont des facteurs qui facilitent leurs contacts avec les humains, et donc la transmission de leurs pathogènes.
Les échanges de virus peuvent aller dans les deux sens. Il y a quelques jours, on a découvert qu’un tigre du zoo du Bronx à New York était infecté par le SARS-COV-2 et atteint du Covid-19. C’est probablement un soigneur qui le lui a transmis. D’autres tigres et des lions du même zoo sont aussi contaminés.
Par ailleurs souvent des intermédiaires jouent le rôle de relais entre animaux réservoirs et populations humaines.
Dans la propagation de la pandémie due au SARS-COV-2, on a pu montrer que des chauve-souris, aux humain, pangolins et d’autres avaient joué un rôle dans sa transmission à l’homme. Ce n’était pas la première fois que le phénomène se produisait : environ 60 % des maladies qui affectent les populations humaines sont d’origine animale. Comme la densité des populations humaines est élevée, en particulier dans les zones urbaines, les chances de propagation des germes pathogènes sont en perpétuelle croissance via le contact entre humains trop proches les uns des autres.
Rappelons d’abord que les mammifères sauvages comptent 5335 espèces et les mammifères domestiques une douzaine.
Le schéma suivant fait état de leur richesse en virus. En premier (a) est figurée l’abondance des virus susceptibles de provoquer de la part des mammifères sauvages des zoonoses (maladies infectieuses des animaux transmissibles à l’homme). La surface de chaque cercle est proportionnelle au nombre d’espèces de chaque ordre (on a exclu les ordres les plus pauvres, moins de 2 % d’espèces). Le schéma b illustre l’abondance en virus de zoonoses en rapport avec la richesse estimée en millions d’individus des animaux domestiques. et des humains.

Les chercheurs ont constaté que de par leur proximité, ce sont les mammifères domestiques qui possèdent le plus grand nombre de virus présents aussi chez les humains, Dans l’état des connaissances, très incomplètes pour ce qui concerne la faune sauvage, il est possible d’affirmer que en moyenne les animaux domestiques sont le réservoir de 19.3 des zoonoses dues à des virus qui nous affectent (entre 5 et 31), alors que la faune sauvage n’est porteuse que de 0.23 de ces mêmes zoonoses (entre 0 et 16).
Les 10 espèces de mammifères les plus menaçantes pour l’homme parce que porteuses de virus proches de ceux des êtres humains sont 8 espèces domestiques – cochon, bovins, chevaux, moutons -, et 2 espèces sauvages, la souris des maisons et le rat noir, qui rappelons le sont en pleine expansion démographique dans nos villes.
Pour les animaux sauvages, trois ordres, les Primates, les Chauve-souris et les Rongeurs, sont hôtes de la majorité (75.8 %) des zoonoses dues à des virus jusqu’ici décelés. N’oublions pas qu’ils rassemblent 72.7 % de toutes les espèces de mammifères.
Au final, ce sont les populations de mammifères les plus nombreuses qui sont le plus à risque dans la propagation des virus et leur transmission à l’homme, et aussi celles qui sont le plus en contact avec nous, soit au travers de la domestication, soit du fait de la réduction drastique de l’espace dévolu aux animaux sauvages par les activités humaines.
Dans l’avenir, les organismes de santé dervont prêter autant d’attention à la surveillance des populations animales que des populations humaines. Au quotidien et sur le terrain, ce sont vétérinaires et médecins qui doivent mieux collaborer.
- Johnson CK, Hitchens PL, Pandit PS, Rushmore J, Evans TS, Young CCW, Doyle MM. 2020 Global shifts in mammalian population trends reveal key predictors of virus spillover risk. Proc. R. Soc. B 287: 20192736. http://dx.doi.org/10.1098/rspb.2019.2736
merci pour les informations
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article très intéressant. Merci
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