Il est des singes capucins barbus qui ont la vie rude. Ils habitent une région semi aride du Nord du Brésil où les ressources alimentaires sont rares. Outre de sèches graminées, quelques essences produisent des fruits à la coque très dure. C’est le cas de l’anacardier, l’arbre à cajou. C’est bien sûr la forme sauvage que l’on y rencontre. Les coques de ses noix sont épaisses, très résistantes et contiennent une huile plus qu’indigeste, toxique. Aussi pour déguster la délicieuse amande qu’elles renferment une seule solution : la briser avec un outil. C’est l’exploit quotidien et sans cesse renouvelé qui permet aux capucins barbus du coin de survivre sans faire la quête.

Une équipe de Primatologues d’Oxford et de Sao Paulo a découvert dans la Sierra de Capivera, région désolée du Nord Est brésilien, des douzaines d’outils de percussion, marteaux et enclumes. Après enquête, il s’avère que les artisans de cette industrie lithique sont des singes capucins barbus qui ont colonisé les lieux voici au moins un demi million d’années (1). De leur point de vue cette découverte est à mettre sur le même plan que les industries lithiques africaines de type « pebble culture » attribuées aux hominidés les plus anciens (3 ma) et aussi à d’autres primates supérieurs tels les chimpanzés et bonobos.
Il faut rappeler que les premières découvertes de « choppers », ces galets aménagés taillés pour fracturer et briser des os à moelle ou des coques de fruits, ont été interprétés dans un premier temps comme une innovation que seul le génie humain pouvait produire. Et en 1964, Leakey, Tobias et Napier en attribuèrent la facture à leur Homo habilis daté de 2.5 ma découvert en Tanzanie et au Kenya.
Puis la découverte que des chimpanzés étaient fort capables du même exploit technologique avec les mêmes fins contribua à relativiser cette innovation.
Il n’empêche qu’à ce jour, seuls les Primates africains étaient reconnus capables de confectionner de tels outils en pierre, galets aménagés ou éclats.
Appliquant les méthodes archéologiques classiques à l’étude d’un site du Nouveau Monde, Michael Haslam et ses collègues de l’Université de Sao Paulo apportent la preuve que le singe capucin du Brésil fabrique des outils de pierre pour casser les noix de cajou, et ils démontrent qu’il emploie cette technique depuis au moins plus de 600 ou 700 ans. Ainsi les outils des capucins sont les plus anciens fabriqués hors d’Afrique par des Primates qui ne sont pas des hominoïdes ou des pongidés. Ces auteurs suggèrent même que lors du peuplement humain de l’Amérique du Sud qui fut envahie voici 10 à 20 000 ans, il n’est pas impossible que les chasseurs cueilleurs d’alors, gourmands de noix de cajou, aient copié et emprunté cette technique aux capucins !
- Michael Haslam et al. 2016. Pre-Columbian monkey tools. Current Biology, 26, Issue 13, pR521–R522, 11.
- http://www.bing.com/videos/search?q=monkey+tool+oxford&&view=detail&mid=FBFB51F2F6364F1827FDFBFB51F2F6364F1827FD&FORM=VRDGAR
Je pense qu’il soit y avoir une coquille dans le texte. Il doit s’agir de 600 à 700 milles ans.
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non, non. 600 à 700 ans au moins, comme indiqué ici dans l’article. Reportez-vous sur internet à l’article de départ indiqué en référence (Haslam et al. (2016))
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